Cuivre vital
L'Europe abandonne peu à peu ses réseaux filaires, en pleine période de guerre hybride
Cette semaine, l’opérateur telecom Orange a commencé à couper une partie du réseau de cuivre sur 162 petites communes dans 21 départements de France, abandonnant ainsi le réseau historique des telecoms du territoire, au profit de la fibre optique.
S’inscrivant dans un plan lancé par la Commission européenne il y a plusieurs années pour digitaliser son espace économique, muscler son industrie du recyclage du cuivre, et répondre aux besoins liés aux équipements stratégiques (batteries, semi-conducteurs…), la politique de démantèlement des réseaux historiques pose d’énormes questions à la lumière du contexte international.
Un double marché
Une partie des pays de l’Union européenne s’est donc lancée dans la course au démantèlement de leurs réseaux de cuivre d’ici à 2030, ceux là-mêmes qui fonctionnent depuis les années 40, et marqué l’avènement de la télématique et d’Internet dans les années 70.
Il faut dire que la motivation économique est là : les groupes de télécommunications en Europe pourraient percevoir jusqu'à 720 millions de dollars rien qu'en 2025 grâce à la revente de cuivre. Certains experts parlent de milliards.
Rappelons que le marché du cuivre est un marché peu stable mais qui ne cesse de croître du fait de la diversification industrielle qui fait grimper la demande. En novembre 2024, le prix du cuivre était estimé à 9426 dollars la tonne, en hausse de 16,2% sur un an.
Ce matériau, le troisième plus convoité après le fer et l’aluminium, est au cœur des rivalités internationales sur la maîtrise des minéraux terrestres : il est indispensable aux industries modernes, de l’équipement électronique aux énergies renouvelables. Des pays s’affrontent durement pour extraire ce minerai « magique », disponible en grande quantité au Chili, au Pérou, et en Chine, qui vient de découvrir un gigantesque gisement au début du mois. C’est sans oublier le joyau qu’est la République du Congo, dont la crise s’aggrave toujours autour de ses précieuses ressources.
Le démantèlement des réseaux de téléphonie de cuivre arrive comme une aubaine pour propulser l’industrie du recyclage, y puiser de nouveaux revenus, en s’affranchissant des anciens coûts de maintenance.
En France, Orange a commencé son chantier par un partenariat avec l'unique fonderie de fil de cuivre en France, propriété du fabricant français de câbles Nexans. L'usine, située à Lens, va voir sa production accrue de plus de 50% à l'horizon 2026, un investissement de 90 millions d'euros. « Aujourd'hui, on a une capacité annuelle d'environ 160.000 tonnes de cuivre transformé. Demain, on fera 240.000 tonnes, dont 80.000 tonnes issues de cuivre secondaire, donc de déchets », contre 2.000 à 3.000 tonnes aujourd'hui », indiquait récemment explique Maxime Debay, son président à l'AFP.
Keep reading with a 7-day free trial
Subscribe to Hors Normes to keep reading this post and get 7 days of free access to the full post archives.