En sortant d’une récente table-ronde sur « les recompositions de puissances » à l’Université Panthéon Sorbonne, j’ai demandé à mon co-paneliste Karim Medjad, professeur au CNAM et spécialiste des multinationales, s’il voyait des comparaisons historiques au poids géopolitique actuel d’Elon Musk et de ses entreprises. Sa réponse m’a intriguée et donné l’idée de cette chronique: « Non. À la limite, la Compagnie des Indes pour son influence sur la politique étrangère de la Grande-Bretagne ».
Pour mémoire, c’est en partie à la East India Company, la Compagnie des Indes orientales, que la Grande-Bretagne doit son empire colonial asiatique. Cette entreprise privée a été le fer de lance de la pénétration anglaise en Chine et surtout en Inde, et s’est constituée comme un état dans l’État pendant deux siècles et demi. Même la United Fruit, qui a joué un rôle-clé dans la politique des Etats-Unis en Amérique centrale pendant les premières décennies du XXe siècle (je parle dans mon livre Les Etats-Unis et le monde « d’impérialisme privé »), n’a eu ni l’influence ni la longévité de la Compagnie des Indes Orientales. Alors Musk ?
Aujourd’hui, Elon Musk est de fait un acteur-clé du plus gros conflit en cours, la guerre de haute intensité que mène la Russie contre l’Ukraine avec Starlink. Il est devenu indispensable à la NASA pour envoyer des hommes sur la station spatiale internationale, et au Pentagone qui le lancement de satellites militaires. Il est indissociable de la réussite de l’agenda climatique de Biden, avec Tesla, ses voitures et ses stations de charge. Enfin Musk a été l’un des fondateurs d’OpenAI avant de lancer récemment sa propre aventure avec X.AI. Et bien sûr, il a racheté Twitter (X aujourd’hui), où se retrouvent toujours la majorité des journalistes et des politiques, et des bots russes et chinois, de la planète.
Il n’y a tout simplement pas de précédent historique
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