Difficile de parler d’autre chose, n’est-ce pas ?... J’aimerais tant m’intéresser à l’action entreprise par Me William Bourdon au nom du gouvernement de la République démocratique du Congo contre Apple, pour l’utilisation de minerais extraits en RDC, mais pillés et revendus par le Rwanda, et qui finissent dans nos smartphones ! Comment ne pas plonger avec délice et indignation dans la saga du « salaire » de 56 milliards de dollars qu’Elon Musk a obtenu de haute main des actionnaires de Tesla ? Ou encore, du dossier passionnant de « The Economist » cette semaine sur les progrès scientifiques en Chine qui rendent les sanctions américaines contre-productives…
Mais voilà, difficile de chasser de son esprit le moment politique vertigineux que vit la France. Et de constater à quel point les enjeux de ces élections sont largement déconnectés des transformations fondamentales du monde, technologiques, géopolitiques… Mais c’est après tout le cas partout : l’affrontement Biden-Trump n’est pas si différent, pas plus que la poussée de fièvre de l’AFD en Allemagne, une extrême droite tellement radicale qu’elle embarrasse même Marine Le Pen, et qui dépasse tous les partis de coalition pour se hisser au rang de deuxième parti du pays.
A moins que ces phénomènes si locaux et si déroutants ne soient intimement liés à ces bouleversements globaux non maîtrisés. Et si le phénomène commun était la peur ? Peur devant les incertitudes du monde, le sentiment de ne plus avoir prise sur son destin, celui de ses proches, de sa « communauté », de son pays ? Peur face aux transformations technologiques aussi exaltantes qu’effrayantes, comme l’irruption de l’intelligence artificielle dont on nous assure dans le même souffle qu’elle va résoudre tous les problèmes et mettre des millions d’individus au chômage. Peur enfin, face au climat qui change et au monde détruit que nous allons laisser aux générations suivantes, incapables que nous sommes d’agir plus vite et plus efficacement pour stopper la descente aux enfers…
Le malaise n’est pas nouveau. J’ai raconté dans un livre paru en 2017, « Le droit au bonheur » (beau titre emprunté à l’un des penseurs de l’écologie politique, André Gorz, mais qui a valu à ce livre de de se retrouver dans les rayons « développement personnel » dans les librairies…) mon émotion, à mon retour de cinq années passées en Chine, quand un chauffeur de taxi dans les Vosges me raconte le désert industriel de la région parce que les usines textiles sont parties … en Chine. Et comment son fils et tous les jeunes du coin s’en vont chercher un avenir ailleurs, transformant ce beau coin de France en mouroir, déserté par les entreprises, les services publics ; le sentiment d’avoir disparu des écrans radars des dirigeants vivant dans les métropoles. La peur, et la colère.
C’est l’effet boomerang de la mondialisation à marche forcée des décennies précédentes, dont j’ai vu en Chine comment elle a permis à des centaines de millions de personnes
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