Hors Normes #10
Zéro tweet d'Elon Musk sur le rappel des voitures Tesla...Boom des cyber attaques sur les industries manufacturières...
Le mot de la semaine: GPU
Cette semaine, j’ai envie de mettre en exergue un mot, ou plutôt un acronyme: “GPU”. Derrière ces trois lettres peu sexy, se cache sans doute l’un des enjeux les plus “hots” du moment, à savoir la pénurie de GPU (Graphics Processing Units) mais aussi de CPU (Central Processing Units), qui rajoute une complexité à la crise dans l’industrie des composants électroniques. Ces unités de traitement (GPU, CPU) sont essentielles pour l'entraînement et le fonctionnement des intelligences artificielles, et le sont aussi pour faire tourner la planche à cryptomonnaies. Et au coeur de ces jolies lettres GPU et CPU, il y a un sujet pénurique et géopolitique, le marché est concentré entre quelques pays, dont Taiwan, et la demande est exponentielle.
Le sujet est aussi économique : pour vous donner une simple idée de grandeur, il aurait fallu, selon Forbes, environ 10 000 cartes graphiques Nvidia pour créer le moteur de retranscription ChatGPT. Le magazine estime qu’il faudrait plus 4 millions de cartes graphiques à Google s’il passait son moteur de recherche en IA générative. Soit une facture de plus de 100 milliards de dollars à régler à son fournisseur “préféré”, l’américain Nvidia… Vous comprenez sans doute pourquoi il faut redoubler de prudence quant au time to market de l’IA-à-tout-va, du moins à l’heure actuelle.
Les chiffres de la semaine
X2 : c’est le nombre d’attaques ransomware sur les sites industriels en 2022
Les attaques de type ransomware (rançongiciel) qui vise le secteur industriel auraient doublé en 2022 à l’échelle mondiale, selon un rapport de la société de cyber sécurité Dragos. Trois ransomwares sur quatre toucheraient l'industrie manufacturière, loin devant l'industrie agroalimentaire, pharmaceutique ou encore l'énergie. Un phénomène qui interroge sur la vulnérabilité des industries dites “sensibles”.
L’Europe et les États-Unis seraient plus fortement touchés par les attaques cyber, en particulier avec l’arrivée de “nouveaux entrants” comme Lockbit, un rançongiciel né en 2019 attribué à un groupe de hackers russes. Lockbit avait visé le groupe Thales, La Poste Mobile et plus récemment l’hôpital de Corbeilles Essonne pour lui extorquer 10 millions de dollars. Le phénomène Lockbit est aussi celui du Ransomware as a Service (RaaS), qui consiste à produire et vendre “sous licence” un logiciel malveillant à des groupes de hackers.
Cette explosion des attaques industrielles n’est pas confirmée par exemple chez Veolia, qu’Hors Normes a interrogé. L’un des responsables de la cyber sécurité du groupe spécialiste de la gestion de l’eau indique: “Il y a eu beaucoup d’attaques surtout pendant la pandémie du COVID19, mais nous sommes aujourd’hui plutôt sur une phase plateau au niveau des attaques cyber-criminelles”. Sur la sophistication des procédés, on regarde de près bien sûr les RaaS chez Veolia, qui fédère 15 000 sites industriels, mais aussi à… ChatGPT, qui “accélère le fait générer des codes malveillants de façon simple, rapide et automatisée”. ChatGPT n’est décidément pas une bonne nouvelle du côté du volet cyber.
362 000
Elon Musk est moins bavard quand il s’agit des déconvenues. Pas un mot sur son compte Twitter sur le fait que Tesla vient de rappeler plus de 362 000 véhicules après la découverte par le régulateur américain d’un défaut sur le système de conduite autonome “Full Self Driving”, accentuant le risque d’accidents. Le bug concerne les Model S, les Model X et Y fabriqués entre 2016 et 2023.
Saga “Chips War”, ça continue
Un ancien employé chinois vole des informations sur ASML
Le fabricant néerlandais de puces électroniques ASML a révélé qu'un de ses employés basé en Chine avait récemment volé des informations sur sa technologie, un fait contraire aux règles de la politique des contrôles à l'exportation.
ASML, le leader mondial qui utilise la lumière pour graver des semi-conducteurs (lithographie), a déclaré mercredi dans son rapport annuel avoir fait “l'objet d'un détournement de données relatives à une technologie propriétaire par un ancien employé de Chine”, sans que cela soit de nature grave a précisé ASML.
ASML, le joyau européen dans la chaîne de production de ces fameuses puces nécessaires à nombre d’industries civiles et militaires, est aujourd’hui valorisé 248 milliards d'euros. Les Etats-Unis mettent une énorme pression à l’entreprise néerlandaise, qui s’aligne aujourd’hui sur la politique d’Export Control orchestrée par l’administration de Joe Biden, initiée en 2019.