哀叹 Āitàn
Du temps qu’elle suscitait espoir et enthousiasme – souvent bien au-delà du raisonnable - j’avais imaginé dans un accès de candeur, une solution de rupture au conflit israélo-palestinien, grâce à l’entrée en scène d’un acteur inattendu : la Chine.
Considérant que la misère et de la privation de dignité étaient les éternels ferments des spirales de violence, le pays dont les prouesses économiques avaient bluffé le monde entier, se trouvait investi par l’ONU d’un mandat pour sortir en dix ans, deux millions de Gazaouis de la pauvreté. A piece of cake ! The fingers in the nose ! - aurait dit la Reine d’Angleterre - pour un régime qui en quarante ans est parvenu à sortir 800 millions de Chinois de la pauvreté.
Forte de cette légitimité et du blanc-seing de la communauté internationale, la Chine - toujours dans mon rêve - disposait donc d’une feuille de route et des moyens suffisants pour faire taire les armes et soumettre ceux qui, par la violence, seraient tentés de saboter le nouveau miracle.
J’avais même trouvé un joli nom pour cette alternative au sempiternel bras de fer que se livraient Russes et Américains (par pays interposés) depuis de décennies au Moyen-Orient : ISPAHAN1.
IS, pour Israël.
PA, pour Palestine.
HAN, puisque la Chine en serait l’architecte.
Ça, c’était avant.
Mais aujourd’hui que la Chine cherche à s’affirmer dans cette partie du monde, notamment grâce à une redoutable diplomatie d’influence qui renforce son poids dans la région, on pourrait légitimement s’attendre à ce qu’en qualité de grande puissance, elle accepte d’endosser des responsabilités en rapport avec ses ambitions.
Or, après l’opération Orage d’el Aqsa (quel joli nom pour une boucherie !), sa proximité avec l’Arabie saoudite, avec l’Iran et surtout le cadeau diplomatique qu’elle vient d’offrir à Bashar al Assad, devraient lui donner un levier particulièrement efficace pour tempérer les ardeurs criminelles du Hamas, du Hezbollah et prévenir un embrasement généralisé du Moyen-Orient.
S’il est une voix qui pourrait aujourd’hui porter, pour conjurer l’inexorable, c’est probablement celle de Xi Jinping. Or, donnant lui aussi dans le Panot2 son silence est assourdissant.
Drapé dans son sacrosaint principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats, c’est tout juste s’il sort de ce grand corps malade, un maigre filet de voix d’eunuque pour exprimer « sa vive préoccupation ».
Le Hamas déclenche sur Israël une offensive massive et coordonnée à coups de roquettes, d’escadrilles de tueurs et de commandos de surineurs contre des civils innocents. Ses commandos font reculer les limites de l’horreur et repartent avec des dizaines d’otages. Et que dit la Chine ?
Elle se fend de quelques mièvres déclarations, « appelle à la retenue après les affrontements entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et Israël, et incite toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et à éviter les attaques contre les civils. »
Peut-être que dans un accès de courage, Wang Yi, le nouveau ex-ministre des Affaires étrangères, finira par prendre des positions plus fermes et protester énergiquement contre les bris de clôture, les violations de propriétés privées et le tapage nocturne occasionné par les bombardements incessants après 22h00.
C’est au pied du Mur que l’on voit le maçon.
Cf. chronique « Rêver éveillé » du 17 mars 2023
Députée du groupe LFI qui semble éprouver des difficultés à qualifier l’attaque du Hamas de « terroriste ». Face à cette mise en cause, naturellement, LFI nie.