Le 20 janvier prochain, Donald Trump posera sa main sur la Bible, comme le veut la tradition. Fan déclaré d’Ayn Rand, on peut penser qu’il aura relu la veille en coulisse un autre livre, aussi connu aux Etats-Unis que la Bible : La Grève.
Écrivaine et philosophe russe exilée aux Etats-Unis en 1926, Ayn Rand est l’une des « founding mothers » du courant libertarien basé sur le capitalisme de l’individu, nommé l’Objectivisme.
Dans son premier ouvrage, La Source vive (The Fountainhead, paru en 1943) Ayn Rand explore l’individualisme et l’intégrité personnelle, en réponse au conformisme et au collectivisme. Le roman, écrit en réaction au New Deal du Président Roosevelt, met en avant le conflit qui existe selon elle entre la créativité indépendante et l’imposition des normes sociales ou des attentes des autres. Elle fustige au passage les règles imposées par les États pour réguler le marché qui doit rester entièrement libre. A l’époque, le parton de la FED (la Réserve Fédérale) la soutient.
« L'ego de l'homme est la source de tout progrès humain »
Dans la Grève (« Atlas Shrugged », paru en 1957), Ayn Rand va plus loin, et propose une vision dystopique d’une société collectiviste et bureaucratique qui étouffe l’innovation, la liberté individuelle et l'esprit d'entreprise. Elle décrit dans son récit les « moteurs du monde » (entrepreneurs, inventeurs, producteurs, et penseurs indépendants) se sentant exploités au nom de l'altruisme et du bien commun. En réponse, les entrepreneurs décident de se retirer de la société dans un lieu secret et de « faire grève », menés par un homme mystérieux, John Galt.
Alain Laurent, philosophe et spécialiste d'Ayn Rand, écrit : « c’est la grève d’un certain nombre de personnes (…) qui ne supportent plus d’être enserrés dans une foule de réglementations (…) et d’être dépossédés de leurs droits sur leur œuvre ».
Avec près de 40 millions d’exemplaires vendus, des traductions en plusieurs langues, et même des associations et des instituts créés pour poursuivre la réflexion randienne, il y a une très forte empreinte dans la culture américaine et qui résonne avec la séquence dans laquelle nous sommes plongés : de Ronald Reagan à Hillary Clinton, en passant par Edward Snowden et le fondateur de Wikipedia, le courant de pensée d’Ayn Rand prônant finalement le bonheur de l’homme prenant son destin en main en s’affranchissant du poids des autres a beaucoup d’adeptes. Il a aussi ses détracteurs… Surtout en Europe qui a crié au scandale à l’époque, et parce que l’autrice a été très médiatisée.
L’objectivisme à l’épreuve d’un pouvoir hybride et débridé
Les principales thèses d’Ayn Rand - le capitalisme individualiste et du « laissez-faire », l’égoïsme rationnel, la toute-puissance de l’entreprise au détriment de l’État-Providence vont-elles résister au duo inédit formé par Musk et Trump ?
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