Les téléphones n’arrêtaient pas de sonner, au sein de la startup française Docker basée à San Francisco. J’y étais en reportage en 2012. Un développeur décroche devant moi, et je peux entendre : « Hi ! We offer you 250 K dollars to join our teams. Interested ? ». Au bout du fil, une personne du service RH d’un Big Tech en hameçonnage intense dans la startup montante de la Silicon Valley.
Douze ans plus tard et une vague IA qui déferle sur le monde, c’est Mark Zuckerberg lui-même qui se charge d’écrire directement aux chercheurs de Google pour les persuader de le rejoindre, comme l’indique The Information.
L'IA n’est pas seulement celle de la guerre des puces, de la puissance des calculs informatiques, et celle des capacités du Cloud. C’est aussi celle de la guerre des talents, celles et ceux qui maîtrisent le deep learning, les réseaux neuronaux, et toutes les spécialités qui les entourent : des mathématiques à la programmation en passant par les probabilités, les statistiques bayésiennes ou l’analyse sémantique profonde.
Cette guerre impitoyable se joue à coups de millions de dollars : au lendemain de la sortie de ChatGPT, OpenAI proposait des packages de 10 millions de dollars aux chercheurs de Google.
Il aura d’ailleurs fallu seulement quelques mois pour que le co-fondateur de DeepMind Mustafa Suleyman quitte Google pour rejoindre Satya Nadella à la tête des produits IA de Microsoft.
On assiste là à un mercato qui explique en partie les grandes tensions entre les tycoons de la Silicon Valley, Elon Musk en premier lieu (et parce qu’il tweete comme il respire) n’hésitant pas à décrire ces débauchages comme du « braconnage » de talents :
Car les vraies stars de l’IA ne sont pas seulement les Elon Musk, ou Sam Altman. Ils sont ingénieurs, chercheurs, bardés de PhD en physique et en mathématiques. Chez OpenAI, c’est Mira Murati qui est à l’origine de ChatGPT, elle a contribué à développer le moteur d’images Dall-E. C’est elle qui a assuré l’interim au moment de l’évincement de Sam Altman.
Ilya Sutskever, alias « Gorky », est aussi l’homme-clé d’OpenAI. Spécialiste en apprentissage profond, ce Russe de seulement 37 ans a été notamment un des co-auteur d’AlphaGo, le programme informatique de Google DeepMind qui avait battu un joueur professionnel de Jeu de Go en 2015.
Sans oublier le troisième homme d’OpenAI, Greg Brockman, un brillant ingénieur de 36 ans, qui avait remporté une médaille d'argent aux Olympiades internationales de chimie en 2006.
Les chercheurs chinois représentent plus d’un quart des meilleurs experts mondiaux en IA
Preuve que la recherche en science de l’informatique est en plein boom : la conférence NeurIPS, créée en Californie en 1986 sur les réseaux neuronaux, a vu son taux de fréquentation passer de 1300 personnes en 2010, à 16 000 personnes en 2023
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