Curieusement, lorsque Kaa, le serpent du Livre de la Jungle, enserrait Mowgli de ses puissants anneaux en lui chantant langoureusement « Aie confiancccce, crois en moi… », je ne pouvais réprimer une certaine inquiétude pour le petit d’homme hypnotisé. Mais je n’étais alors qu’un enfant…
De même, lorsque les officiels chinois, patelins et débonnaires, entonnaient en chœur le couplet de l’essor pacifique de la Chine à nos diplomates fascinés, il m’arrivait d’être gagné par une certaine fébrilité. Et pourtant, je n’étais plus un enfant…
Evoqué pour la première fois par Zheng Bijian, ancien vice-directeur de l'Ecole Centrale du Parti, fin 2003 lors du Forum de Boao pour l'Asie, ce mantra de l’essor pacifique de la Chine avait vocation à désamorcer les craintes des tenants de la menace chinoise et in fine, à leur faire baisser la garde.
La Chine, expliquaient-ils, est une puissance responsable, soucieuse depuis 5000 ans de promouvoir l’harmonie entre les peuples. D’ailleurs, la Grande Muraille, emblème de l’Armée chinoise, est un ouvrage purement défensif et la Chine n’a jamais envahi personne. Pourquoi ? Mais parce que l’expansionnisme n’est pas dans son ADN, voyons ! Ce discours a pu un temps impressionner les ignorants et les naïfs, jusqu’à ce que la diplomatie agressive des 战狼Loups guerriers, comme ils se nomment eux-mêmes, vienne brutalement éclipser cette berceuse dulcifiante. Mais il s’en est quand même fallu de peu que nous gobions l’appât. Aujourd’hui, c’est le thème de la « communauté de destin pour l’humanité » cher à XI Jinping qui a pris le relai de l’offensive de charme. C’est beau, c’est grand, c’est généreux, mais ce sera l’objet de ma prochaine chronique. D’ici-là, dormez tranquilles, bonnes gens et faites-moi confiaaaaannnce.