«L'Internet des Objets» au coeur de la guerre
Le rôle des réseaux bas débit dans la guerre en Ukraine
« On utilise le réseau Lora pour connecter nos terminaux de détection de drones. Ça marche très bien, c’est robuste et plus efficace que Bluetooth ». Voici ce que me confie Ivan F. de la startup Kara Dag Technology, basée à Kiev en Ukraine, me montrant deux boîtiers connectés.
Un détail qui fait écho à une autre information datant d’avril 2024, où l’on apprenait que les forces armées ukrainiennes avaient commencé à utiliser des balises radio cachées sur des drones pour identifier l'emplacement des unités russes. Ces boîtiers autonomes sur les drones sont connectés au même réseau Lora, « le réseau de l’Internet des Objets ».
Ce qu’on appelle l’Internet des Objets, nom généralement employé dans le domaine de l’industrie (Smart Cities, agriculture, sécurité etc…) et des télécoms, joue-t-il un rôle significatif dans la guerre en Ukraine ? Il semblerait que oui : solution antibrouillage, connectivité de secours, tracking d’armes, jusqu’au système de hacking de caméras vidéos chez l’ennemi… Le plus petit des réseaux radio peut faire la différence.
Petit rappel de définition : l’Internet des Objets, c’est ce terme qu’on attribue à Kevin Ashton, un chercheur britannique, qui utilise pour la première fois « Internet of Things » lors d’une présentation pour Procter & Gamble en 1999. Il le lie principalement à l’usage de la technologie RFID (Radio Frequency Identification, ou Identification par Radiofréquence). Une technologie sans fil (wireless) qui permet d’identifier et de suivre des objets, des animaux ou des personnes à l’aide de champs électromagnétiques.
Plusieurs réseaux bas débit sont dédiés à l’IoT (Internet of Things), ce sont des réseaux issus des couches basses de la radio, et les moins contraignantes en terme de régulation. C’est le cas de la bande 868 megahertz, une fréquence à faible et moyenne portée, faisant partie de la catégorie des bandes ISM (Industrial, Scientific, and Medical), qui sont des bandes de fréquence non soumises à des licences, mais restreintes techniquement.
Le réseau Lora utilise justement cette bande ISM, et bien qu’il soit impossible de connaître précisément le nombre d’antennes Lora installées en Ukraine, c’est précisément ce réseau qui intéresse Ivan F. de Kara Dag pour sa technologie sans fil : « Nous achetons des modules (chips) américains Semtech, compatibles avec le réseau Lora, auprès d’un fournisseur de composants sur Mouser.com. On dispose d’une assez bonne couverture réseau ici, et le protocole est open source ». Ce qui veut dire que Kara Dag peut optimiser son logiciel, conçu pour détecter et envoyer des alertes à l’aide d’un algorithme d’IA.
Semtech, c’est justement l’entreprise américaine qui fait partie de l’Alliance Lora, lancée en 2015 avec plusieurs géants des télécommunications, 3 ans après que Semtech ait fait l’acquisition de la startup grenobloise Cycleo, qui a inventé la technologie Lora.
Toujours en France, avec un peu d’avance, c’est Sigfox qui se lance dans la course à l’IoT depuis Toulouse, avec la promesse d’un réseau propriétaire (“réseau 0G”) déployé à l’échelle mondiale, pour connecter et suivre des objets de bout en bout, garantissant une longue autonomie des capteurs.
Sigfox fera une percée en Russie, mais cessera peu à peu son déploiement réseau.
Depuis, l’opérateur ukrainien chargé d’installer le réseau LPWA Sigfox ( Low Power Wide Area) confie avoir beaucoup de mal à poursuivre le déploiement des antennes.
« Nous nous concentrons sur la mise en œuvre d'un système de suivi des wagons de chemin de fer, en particulier pour les produits agricoles.
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