Non, Tesla n'est pas le leader mondial de la voiture électrique...
Chroniques de Pierre Haski et de Bruno Gensburger... News de la semaine...Doc à voir...
Les news
Chine-Gaming : Feu vert pour les jeux étrangers
C’est une bouffée d’air frais pour le géant du jeu vidéo Tencent. Le régulateur chinois de l’industrie du jeu vidéo (NPPA) vient en effet d’autoriser 44 nouvelles licences de jeux étrangers, et 84 licences de jeux chinois. Une première depuis 18 mois.
Tencent, le mastodonte du secteur, va pouvoir commercialiser sur son marché de 700 millions de joueurs le célèbre Pokemon Unite de Nintendo et Valorant, co-développé avec l’américain Riot Games.
Un sévère politique de régulation chinoise a été instaurée en août 2021 pour freiner le secteur technologique, en particulier dans les fintech mais aussi dans le gaming. Elle l’assouplit depuis le mois d’avril en ayant autorisé plus de 500 nouveaux jeux.
La Chine, qui impose une autorisation avant de lancer un jeu sur son territoire, a aussi imposé une discipline stricte vis à vis de l’usage des jeux : pas plus de 3 heures par jour pour les jeunes de moins de 18 ans.
La Chine a également limité toute personne de moins de 18 ans à seulement trois heures de jeu par semaine, conformément aux règles introduites en août 2021.
Chips-USA: Les puces servent (aussi) à construire des autoroutes
Elle s’appellera la "Samsung Highway". Cette future autoroute en construction reliera un axe important du conté de Williamson au Texas, là où le géant sud-coréen des semi-conducteurs Samsung va implanter sa future une usine de production. Un petit cadeau pour remercier l’investisseur, qui a déboursé 17 milliards de dollars pour s’implanter au Texas et embauchera plus de 2000 personnes dans la région à partir de 2024. Lire ici et ici.
Chips-Taïwan: TSMC lance sa production de 3 nanomètres
C’est là aussi une guerre d’images. Ce jeudi, le géant des semi-conducteurs taïwanais a officiellement inauguré le début de sa production de puces miniatures, des puces ne dépassant pas les 3 nanomètres. Un événement qui permet à TMSC de montrer sa puissance puisqu’il est, officiellement, le seul fabricant à pouvoir le faire aujourd’hui.
BYD ou la stratégie du « saut de grenouille », par Pierre Haski
Savez-vous qui est le premier producteur de voitures électriques au monde ? Non, ce n’est pas Telsa, la société d’Elon Musk, qui est assurément la plus connue. Tesla a été détrônée cette année par le chinois BYD, bien moins connu en dehors de la Chine que son rival américain, mais dont la montée en puissance en fait un géant de ce secteur devenu stratégique.
BYD, acronyme de « Build your dreams », a été fondée en 1995 par Wang Chuanfu, qui avait racheté un constructeur automobile d’État en faillite. A 56 ans, Wang est aujourd’hui multimilliardaire, 22ème fortune chinoise, une des 100 premières mondiales. En 2008, cet homme aux fines lunettes et aux costumes stricts, a su séduire un investisseur de poids, l’américain Warren Buffet, qui a misé 232 millions de dollars sur cet entrepreneur chinois à la stratégie visionnaire : le véhicule électrique.
Il y a dix ans, le « New York Times » publiait un article compatissant pour Warren Buffet et son investissement dans BYD, soulignant que le Chinois accumulait les déboires, et avait choisi une stratégie bien risquée en misant tout sur l’électrique… La suite lui a évidemment donné tort puisque la Chine est devenue le premier marché de la voiture électrique (7 voitures électriques sur 10 vendues dans le monde en 2022 l’ont été en Chine), et que l’Europe et les États-Unis ont programmé la fin des véhicules à énergie fossile. BYD produit déjà des batteries électriques en quantités spectaculaires, y compris pour Tesla, deuxième producteur au monde juste derrière son compatriote CATL. C’est désormais un fabricant de véhicules parti à l’assaut du monde après avoir conquis la Chine.
Le virage technologique change la géopolitique des constructeurs automobiles. Tesla avait déjà chamboulé la hiérarchie des constructeurs en remportant son pari de la voiture électrique ; mais la Chine, totalement absente du top-10 des constructeurs automobiles, va nécessairement placer une ou deux marques dans le classement mondial de l’ère électrique – et BYD, que certains analystes qualifient de « Toyota chinois », sera sans nul doute l’un des vainqueurs. La stratégie du « leap-frogging », le « saut de grenouille », s’est révélée une nouvelle fois payante : au lieu de chercher à rattraper leur retard dans l’industrie d’hier, les constructeurs chinois se sont focalisés sur celle de demain, avec une dimension de pari désormais payant. Warren Buffet a eu du nez, lui qui voit son investissement dans BYD multiplié par plus de trente fois.
Pierre Haski est journaliste spécialiste de la géopolitique. Il chronique chaque matin dans la Matinale de France Inter et à l’Obs. Il est Président de Reporters Sans Frontières.
大白Dabai, par Bruno Gensburger
Les Grands Blancs, de drôles de Squid Gamers...
Peu importe qu’à cause de leurs combinaisons hermétiques de pandas albinos ou de spermatozoïdes sans flagelle, on les appelle les Grands-blancs ou les Gardes-blancs (en référence aux sinistres Gardes-rouges). C’est blanc-benêt et benêt-blanc. Peu importe qu’ils soient médecins, brancardiers, infirmiers, gros-bras, policiers, membres du comité de quartier, officiels ou autre. L’important est que leur apparition, seuls ou en grappes plus ou moins floculantes, inspire au citoyen une terreur pavlovienne suffisante pour annihiler toute velléité de résistance à leur pouvoir discrétionnaire.
Rançon de l’impunité que leur confère un anonymat quasi-total, ces drôles de Squid gamers sont condamnés à macérer dans leur jus au moins 8 heures par jour, certains pour la bonne cause, d’autres pour de moins glorieuses. Mais qu’importe. Pour tous, la même question me taraude : quand, où et comment pissent-ils donc ?
Aussi sûrement qu’aux virus, leurs combinaisons sont également hermétiques à la raison, aux sentiments et à l’humanité. Faut-il emmurer les gens chez eux ? Arracher les enfants aux parents pour les regrouper dans des camps sanitaires ? Tuer les chiens ou les chats de ceux qui y sont envoyés ? Frapper les récalcitrants ? Pas d’état-d’âme. Un Dabai, ça obéit. Punkt !
Mais qui dira le blues du Garde-blanc qui, épuisé par sa longue journée de travail, ôte enfin sa combinaison, et qui, cauchemardant sa propre arrestation, se surprend à marmonner dans un remugle de conscience mal étouffée : « Mais de quel droit ... de quel droit ? »
Bruno Gensburger est interprète de conférence en mandarin et conseiller en diplomatie des affaires. Retrouvez chaque semaine sa chronique sémantique.
A voir : Surveillance en Chine : un système qui s’étend
Je vous invite à regarder (ou revoir) ce mini-doc du New York Times sur la sophistication du système de surveillance chinois. L’équipe investigation du Journal a eu accès à plus de 100 000 documents d'appels d'offres gouvernementaux locaux. Leur analyse montre que le système de surveillance va plus loin que ce que l’on pensait sur la collecte de données numériques et biologiques des citoyens.
Belles fêtes de fin d’année ! Rendez-vous la semaine prochaine !