惊慌
[PANIQUE]
Si la panique est toujours mauvaise conseillère, l’actualité internationale récente lui redonne des ailes.
C’est ainsi qu’après les trahisons du géronte oligophrène de la Maison Blanche vis-à-vis de ses (ex) alliés européens, certains, dans un réflexe reptilien ou opportuniste, semblent déjà tentés par un rapprochement avec la Chine pour y trouver une béquille secourable.
Lundi 30 mars dernier, France 5 a diffusé un reportage, Covid, le secret des origines, de Nolwenn le Fustec, sur le mystère, toujours non élucidé, des origines de la pandémie de Covid-19 qui a fait 20 millions de morts à l’échelle mondiale*. Vieux sujet réchauffé ? Pas tant que ça.
Si l’auteure de cette enquête indépendante, sérieuse et fouillée, n’est pas toujours parvenue après cinq années de travail à trancher entre les deux hypothèses les plus probables (celle d’une contamination animale provenant d’un marché de Wuhan à l’hygiène douteuse, et celle d’une fuite de virus pathogène d’un laboratoire de haute sécurité biologique aux procédures défaillantes), elle rappelle néanmoins trois vérités fondamentales dont la mise en perspective devrait nous faire réfléchir.
La première vérité est que la pandémie vient bien de Wuhan (RPC) et non du bois de Saint-Cucufa ou des USA, comme l’avaient hardiment affirmé les officiels chinois.
La seconde est que, face à la crise sanitaire, la Chine n’a pas eu l’attitude d’une superpuissance responsable. Loin s’en faut. Après avoir d’emblée exercé des pressions sur les premiers lanceurs d’alertes**, loin de se montrer coopérative avec les chercheurs locaux et étrangers, elle n’a cessé de mentir, de censurer les réseaux sociaux, de brouiller les pistes, de détruire données et éléments de preuves, puis de recourir à des manœuvres dilatoires empêchant les scientifiques, et notamment ceux de l’OMS, de travailler efficacement. Il s’agissait d’effacer toute trace gênante pour créer un doute dans les esprits, de relativiser les certitudes des spécialistes et, idéalement, d’accréditer l’idée d’une possible contamination extérieure pour se dédouaner.
Dernière vérité, à l’instar d’autres grands projets politiques franco-chinois***, les alertes de nos experts et diplomates n’ont pu empêcher la France d’être tenue à l’écart des activités du laboratoire P4, promis à Wuhan dans un accès d’irénisme raffarinesque par les Présidents Chirac et Sarkozy.
Certes, l’absence de transparence chinoise a engendré mécaniquement rumeurs et phantasmes de tout poil. Mais là n’est plus le sujet, puisque ne restent plus en lice que deux hypothèses aussi crédibles et dangereuses l’une que l’autre pour expliquer la catastrophe.
Peu importe donc qu’on incrimine le laboratoire ou le marché, l’essentiel est d’accepter le constat suivant : contrairement à toutes les garanties de sécurité que la Chine prétendait fournir, elle recélait en réalité (et recèle toujours) ces deux types de bombes à retardement d’un autre temps.
En poussant davantage le raisonnement, on trouvera que ces deux suspects, affligés des mêmes tares systémiques, sont virtuellement coupables au même degré. Leurs tares ont un nom : incurie, mensonge, violence, corruption, irresponsabilité et susceptibilité maladive de vierge effarouchée (que les sinologues complaisants appellent « La face »). Elles sont, à des degrés divers, la racine commune à toutes les grandes crises chinoises, présentes, passées et à venir : accidents industriels, catastrophes écologiques, crises financières, immobilières, sanitaires, boursières, etc…
Ne pas céder aux sirènes de la propagande qui va s’intensifier
Il serait consternant qu’après avoir enfin réajusté nos politiques de coopération scientifiques et techniques avec la Chine sur les sujets stratégiques (nucléaires, spatiales, aéronautiques, sanitaires, agricoles), nous cédions aux sirènes de sa propagande qui va redoubler d’intensité pour nous cueillir, tout moites et tremblants de gratitude.
Faut-il rappeler aux sinolâtres que ces dernières décennies ont démontré que nous n’étions pas en Chine sur notre terrain ? Nos leviers d’action et de contrôle y demeurent minimes et la fracture idéologique qui continue de nous séparer les fragilise encore davantage.
Je ne plaide pas ici pour un boycott de la Chine sans nuances. J’ose seulement espérer que chacun aura la tête suffisamment froide et la mémoire suffisamment longue pour surmonter naïveté, cupidité et promesses de fortune. À la lumière crue des faits, il serait impardonnable de fournir à l’allié de la Russie, de l’Iran, de la Corée du Nord et des Talibans, les outils des prochaines grandes crises mondiales, avec en prime, la corde pour nous pendre, comme disait le regretté Vladimir Ilitch Oulianov, qui doit rigoler comme un bossu de profundis en voyant l’état du monde.
En un mot comme en cent, quand une famille est aussi dysfonctionnelle, on réfléchit à deux fois avant de lui confier ses enfants.
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* Quatre jours plus tard, le 3 avril 2025, l’Académie de Médecine publiait un rapport corroborant les deux mêmes hypothèses.
** On se souvient surtout du malheureux Dr LI Wenliang, muselé par la police avant de mourir contaminé.
*** Projets autrefois pompeusement qualifiés de « structurants ».
B.G
Bruno Gensburger est interprète de conférence indépendant en chinois, conseiller en diplomatie des affaires, ex-diplomate, ex-directeur des relations extérieures chez Sanofi (Chine) et futur cadavre.