透明度 Tòumíngdù
Tout jeune, j’étais déjà très con.*
Arrivé en Chine pour la première fois fin 1985, je découvre à vingt-quatre ans ce nouveau monde extraordinaire avec une curiosité gourmande. Parmi les mille et une rumeurs qui circulent alors à Pékin, on raconte que l’oreille du président Mao, exposé momifié dans son mausolée en plein cœur de la place Tian Anmen, commencerait à se putréfier à cause d’un méchant champignon.
D’emblée, mes pensées vont au Thanatopracteur-en-chef, probablement fébrile à l’idée de partager bientôt le même sort que le défunt, si par malheur il se révélait incapable de stopper la prolifération dudit champignon. Puis, impatient de connaître la vérité, je décide quelques mois plus tard de me rendre sur place en compagnie de quelques amis pour voir de mes yeux ce qu’il en est.
A l’époque, l’accès à la célèbre place est libre et n’importe qui peut aller rendre hommage au grand homme, naturalisé dans son cercueil de verre. Mais l’après-midi seulement, car la matinée est dévolue au délicat entretien de la précieuse momie.
En arrivant, je constate avec surprise que, malgré une décennie écoulée depuis son décès, la file d’attente demeure extraordinairement longue. Dissuasive, même. Mais heureusement, elle avance vite et nous cheminons tranquillement avec le flot de curieux.
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