« Delete A », comme Amérique !
On évoque souvent ici et ailleurs les efforts américains pour se « découpler » ou « dérisquer » avec la Chine, en particulier dans le secteur technologique. On connait moins les efforts que fait la Chine de son côté, et ils sont tout aussi importants.
Voici donc le « document 79 », publié en septembre 2022 par le gouvernement chinois, mais dont le « Wall Street Journal » nous dit qu’il n’a été montré qu’à un nombre très restreint de personnes, cadres du Parti communiste ou dirigeants d’entreprises, avec interdiction d’en faire des copies. Qu’y a-t-il de si confidentiel dans cette directive ? Tout simplement l’ordre d’éliminer les logiciels étrangers dans le secteur public chinois d’ici à 2027. Microsoft ou Oracle sont donc dans le viseur, alors qu’il fut un temps où les logiciels de Microsoft pouvaient être trouvés dans 80% des ordinateurs des administrations chinoises – pas tous légalement téléchargés, il est vrai. Les entreprises publiques, qui constituent l’épine dorsale de l’économie chinoise, et les administrations, doivent présenter un rapport trimestriel sur les progrès accomplis sur le chemin du remplacement des produits étrangers par des logiciels chinois.
Pas de surprise dans cette démarche. La Chine de Xi Jinping a remis en avant ces dernières années le concept d’autosuffisance qui est un vieil héritage maoïste qui avait cédé le pas à la mondialisation de l’économie chinoise, surtout après l’adhésion à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) en 2001. L’autosuffisance en matière technologique est la réaction logique de la Chine à la guerre lancée par Donald Trump, d’abord celle des droits de douane, puis celle qui a gagné le terrain de la Tech avec l’arrestation en 2018 à Vancouver de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, sur un mandat d’arrêt international américain.
Depuis, les mesures de restriction ou de sanctions contre la Chine n’ont pas cessé, qu’il s’agisse de l’accès aux semi-conducteurs les plus sophistiqués, aux financements dans certains secteurs, ou même de la présence de chercheurs porteurs d’un passeport américain dans certaines entreprises ou labos chinois. Joe Biden a poursuivi, et même surenchéri sur la politique initiée par Donald Trump, ce qui signifie que, de ce point de vue, il n’y a pas de suspense côté chinois sur la politique qui sera suivie après
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