Guerre hybride et digitalisation : erreur ou faille système?
La numérisation de nos économies forgent aussi nos vulnérabilités
Comme le disait Jean-Louis Gergorin, auteur de Cyber, la guerre permanente, à Hors Normes récemment, « le hacking et la manipulation informationnelle sont un continuum dans l’utilisation offensive du numérique ».
Les faits le prouvent et se répètent. Le coup de filet sur le groupe de hackers russes Lockbit, intervenu quelques jours après la clôture du sommet sur la sécurité à Munich, montre une approche offensive à la hauteur des enjeux : Britanniques, européens et américains sont parvenus à mettre à mal le groupe malveillant qui opère par rançongiciels depuis 2019. On se souvient du recel de données de l’hôpital de Corbeil Essonnes, ou encore de la Royal Mail. Lockbit serait donc stoppé et démantelé. Mais comme le rapporte un confrère de BFMTV, ce coup de frein ne rassure pas les autorités françaises, qui craignent que l’entité malveillante n’ait le temps de se réveiller avant les grandes échéances : les Jeux Olympiques de Paris cet été.
Lockbit, bien qu’opérant comme une véritable multinationale avec plus de 400 versions de ses logiciels malveillants, n’est qu’une partie de la menace cyber qui pèse sur les états, les entreprises et les organes gouvernementaux.
La guerre hybride menée par Poutine est bien « innovante », notamment dans les campagnes de désinformation. The Record nous apprend aujourd’hui qu’une opération de nouvelle nature opérée par des hackers russes, touche actuellement l’Ukraine : les soldats de l’ombre envoient, au nom de services officiels ukrainiens, des emails satiriques (spams) aux citoyens ukrainiens pour les convaincre qu'une guerre avec la Russie ne vaut pas la peine d'être menée. Ces messages, envoyés de la part de l’agence nationale de santé ou celle de l’agriculture, tentent de faire croire aux Ukrainiens qu'ils n'auront plus de médicaments, de nourriture ou de chauffage à cause de l’affrontement avec ses voisins. Cette guerre psychologique par email fait bien partie de l’arsenal de guerre dont la Russie dispose.
Ces salves de hacking et de pressions, que Bernard Barbier, ex-directeur technologique de la DGSE, appelle des coups d’aiguille sur les états pour les affaiblir, sont aussi un moyen d’entraînement pour concrétiser la « confrontation informationnelle », inscrite dans la stratégie de sécurité nationale russe mise à jour en juillet 2021, et pensée par le « faucon »
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