Hors Normes #13
Puces : l'Inde signe un accord avec les USA... La Chine va lancer son RGPD...L'Allemagne sur la voie d'un bannissement de Huawei...
Le mot de la semaine: Dieu
Le rêve américain serait-il non plus de devenir riche, mais de sauver l’humanité de la mort ? On apprend cette semaine que Sam Altman, le fondateur d’Open AI et de ChatGPT, vient d’investir 180 millions de dollars dans Retro, une startup qui ambitionne faire gagner 10 ans à l’humanité par la re-programmation et l’auto-recyclage cellulaire. Faire reculer la mort. C’était déjà le projet baptisé Calico lancé en 2013, une filiale de Google spécialisée dans la lutte contre le vieillissement. En 2022, c’est Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, qui finance une start-up baptisée Altos Labs, qui travaille au rajeunissement éternel.
“Sam Altman se prend pour Dieu. Il est persuadé qu’avec l’IA, il va percer les mystères de l’Univers”, me confie un ingénieur français qui le fréquente. Rêve mystique ou réel délire, les enfants terribles de la Silicon Valley nous laissent perplexes… D’où vient l’idée géniale? Et qu’est ce qu’une idée géniale? L’innovation viendrait-elle de la “grâce de Dieu” pour être bonne ? La réponse est peut être dans cette pensée du célèbre philosophe :
Lorsque le prêtre favorise une innovation, elle est mauvaise : lorsqu’il s’y oppose, elle est bonne
Denis Diderot
→ Chut… Gilles Babinet (Conseil National du Numérique) s’apprête à sortir un nouvel ouvrage dans lequel il revient sur les origines d’Internet, qu’il connaît bien pour en avoir été l’un des pionniers : il y parle des hippies, des auteurs de science fiction et…de Dieu. Sortie le 10 mai aux éditions Odile Jacob.
Les News
La Chine sur le point de lancer son agence centrale de données
La Chine est sur le point de créer une agence qui centralisera les espaces de stockage de données, a annoncé lundi le Wall Street Journal. “Le nouveau bureau national des données est sur le point de devenir le principal régulateur chinois sur diverses questions liées aux données”, précise l’article. Plusieurs ministères étaient jusqu’à présent garants de la gestion des données et de leur supervision. Comparable au règlement du RGPD européen, la mission sera de centraliser et garantir les politiques liées à la gestion de la donnée, “aux caractéristiques chinoises”. Décision définitive le 13 mars à l'issue de l’Assemblée Nationale Populaire.
→ Cette initiative, répandue dans les pays démocratiques sur la gestion des données, pose la question de la politique en elle-même bien sûr, puisqu’elle est décidée par un chef unique. Mais elle pose aussi la question de l’exportation de la donnée, et des normes régissant la territorialité. La Chine, au travers de ses entreprises à succès, ByteDance (TikTok) en tête, s’arme elle-aussi d’un outil de “data-économie”, qui résonne avec les nouveaux contours de la compétition mondiale.
L’Inde signe un accord avec les USA sur les semi-conducteurs
Les Etats-Unis et l'Inde ont signé un protocole d'accord sur les semi-conducteurs, à l’occasion de la visite dans le pays de la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo. Une dizaine de patrons l’accompagnaient dans ce voyage officiel.
L’accord porte d’ailleurs sur des partenariats entre entreprises et co-entreprises dans ce MOU( memorandum of understanding).
L'Inde cherche à se faire une place de choix dans cette industrie hautement stratégique. Le pays (lire l’article sur les “Digital Middle Powers”) a investi 10 milliards de dollars pour la production de puces électroniques et d’équipements, et élabore une”” politique incitative pour aider les acteurs du secteur à implanter des usines, jusqu’à 50% d’aide fiscale pour soutenir les coûts d’installation.
→ Ce partenariat stratégique vise, pour les Américains, à rependre et garder le contrôle de la production de puces électroniques, en misant sur des territoires qui ont le potentiel de l’innovation, et surtout de l’industrialisation.
L’Allemagne sur la voie du “Huawei-ban” ?
Ce n’est pas parce qu’Olaf Scholz s’est rendu en Chine et a serré la main de Xi Jinping en novembre dernier que le chancelier en oublie le fameux principe de précaution. Le gouvernement allemand vient de lancer un examen de sécurité du réseau 5G dans le pays. L’Allemagne cherche en effet à s’assurer que les équipements Huawei soient “conformes”, c’est-à-dire sans risque de sécurité pour la souveraineté de la nation.
C’est une première pour Berlin, qui a longtemps ignoré l’appel de Washington a interdire l’utilisation des équipements de Huawei et de ZTE, entreprises de telecoms contrôlées par Pékin. Washington, comme le dit le Wall Street Journal dans son article, a “averti que l'existence de composants chinois dans les réseaux 5G de ses alliés les rendait vulnérables et pourrait compromettre le partage de renseignements entre Washington et Berlin”.
Peut-être que, comme le disent les experts, la guerre en Ukraine a convaincu Berlin de se défaire de fâcheuses dépendances.
→ Outre les États-Unis et le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, l’Europe a aussi écouté les “conseils” de Washington en stoppant la percée de Huawei. En France, le Conseil constitutionnel avait validé une “loi anti-Huawei” en février 2021, après que les opérateurs SFR et Bouygues se soient empressés de couvrir une partie du territoire. C’est désormais l’ANSSI, l’Agence Nationale pour la sécurité des systèmes d’information, qui joue le rôle de vigie dans ce dossier.
Le chiffre de la semaine : 41,8
Alors que l’Inde est sur le point de dépasser la Chine en nombre d’habitants, on apprend que 41,8 caméras sont installées pour 1000 Indiens, notamment à Hyderabad, New Delhi ou Indore, villes parmi les plus surveillées au monde. Il faut dire que l’Inde subit une forte hausse de la criminalité: +15% d’agressions envers les femmes en 2021, selon le Bureau National qui recense les délits, et +40% sur la même période à New Delhi. Le système de surveillance “CCTV”, (Closed-circuit television) pose en Inde un autre problème dont la presse s’inquiète, celui du respect de la vie privée. Lire l’article.