Vive la guerre low-tech de Kim Jong-un !

Chronique de Pierre Haski

Avec Marion, la boss de Hors Normes, nous avons une passion commune pour les sujets « low-tech ». Dès qu’un article ou une information low-tech passe sous nos yeux, on s’envoie un message ! Il y a des passions plus coupables…

Cela peut sembler étrange pour une lettre consacrée à la (high)Tech et ses croisements avec la géopolitique, mais si vous vous mettez à y penser, c’est évident. Prenez cet article du « Guardian » britannique, joliment intitulé « Comment les militaires pourraient devoir abandonner le GPS et se guider grâce aux étoiles ». C’est presque poétique, mais c’est surtout lié aux menaces qui pèsent sur le GPS dont nous avons plusieurs fois parlé, ne serait-ce qu’à propos de ce roman d’anticipation américain, « The Ghost fleet » (en français, fort logiquement, « la flotte fantôme »), qui fait démarrer la troisième guerre mondiale dans l’espace avec la destruction du réseau GPS américain par les Chinois, plongeant l’armée américaine dans le désarroi. D’où l’intérêt du low-tech et de se laisser guider par les étoiles et pas seulement par les satellites.

Mais il faut avouer que dans la série des infos low-tech de la semaine, la palme revient à la Corée du Nord. Le royaume des Kim est capable d’audace technologique comme ses armes nucléaires ou ses missiles balistiques disproportionnés par rapport au développement du pays ; mais aussi de ça : des ballons chargés d’excréments ont été envoyés en direction des frères-ennemis de Corée du Sud ! Cela touche au sublime, et d’ailleurs les humoristes ne s’y sont pas trompés comme mon collègue Mathieu Noël sur France Inter.

En début de semaine, la défense sud-coréenne a repéré 260 ballons en provenance du Nord, qui ont traversé la zone démilitarisée (c’est-à-dire la zone la plus militarisée au monde) chargés de déchets et de merde. En fin de semaine, une dizaine d’autres ont été repérés et Séoul s’attend à ce que ce tsunami nauséabond se poursuive. L’explication de Pyongyang est imparable : des activistes du Sud ont pris pour habitude d’envoyer au nord, par ballons, du ravitaillement, des clés USB, et des brochures de propagande capitalistes contre le régime communiste dynastique nord-coréen. C’est donc une riposte graduée : vous nous envoyez de la merde, on en fait autant, au sens propre (ou sale). Il revint à Kim Yo-jong, la sœur du dictateur, d’ajouter que c’était un « cadeau sincère » aux cousins du Sud… Pyongyang écrit donc une nouvelle page dans l’Art de la guerre, version pays du matin calme.

Je ne sais pas si les jeunes Français sont inspirés par la Corée du Nord, mais j’ai surpris une discussion animée entre jeunes dans un café parisien cette semaine. Ils avaient reçu des messages