CYBERDÉFENSE
L’Ukraine veut punir les crimes de cyber guerre
Les services de sécurité ukrainiens font pression sur les autorités internationales pour élever les cyberattaques au rang de crimes de guerre auprès de la Cour Pénale Internationale. En avril dernier, Illia Vitiuk, le chef du département de la cybersécurité et de la sécurité de l'information ukrainien, en visite à San Francisco, déclarait : “Nous avons déjà quelques exemples, où en 2021, les tribunaux ukrainiens ont condamné huit agents du FSB responsables de milliers de cyberattaques contre des infrastructures ukrainiennes. Nous avons pu pénétrer leurs systèmes et examiner les outils utilisés pour chaque attaque”.
L’Ukraine insiste depuis pour que les responsables de cyberattaques qui détruisent les infrastructures civiles soient renvoyés à la Cour pénale internationale de la Haye (Pays-Bas), et poursuivis pour crimes de guerre. La Cour relève en effet du Traité de Rome signé en 1998, mais non ratifié par la Russie notamment.
Nous avons contacté la Cour Pénale Internationale qui précise dans un communiqué :
Le Bureau du Procureur reconnaît la pertinence croissante de la façon de se conduire dans le cyber espace, sous les valeurs protégées par le Statut de Rome, et surveille, en conséquence, les allégations pertinentes.
Entre 2019 et 2021, nous avons participé en tant qu'observateur à un processus engagé à la demande d’un certain nombre d'États-membres de la CPI pour examiner l'application du Statut de Rome au code de conduite dans le cyber espace, qui a conduit à la publication d’un rapport”.
Le rapport cité confirme en effet que les agissements qui relèvent d’agressions ou de crimes dans le cyber espace peut “potentiellement constituer des crimes au sens du Statut de Rome et, si une telle conduite est suffisamment grave, peut potentiellement être poursuivie devant la CPI”.
Ukraine Cyber Program: La Grande-Bretagne double son budget
Le gouvernement britannique vient d’augmenter ses investissements dans la lutte contre en matière de cyber attaques, et dans le contexte de la guerre en Ukraine. Le Premier ministre Rishi Sunak a déclaré qu’il allait plus que doubler son financement du “Ukraine Cyber Program” , passant de 6,35 millions de livres sterling (8,14 millions de dollars) à 16 millions de livres sterling (20 millions de dollars), et avec une réserve supplémentaire disponible de 11,5 millions de dollars.
CIVIC TECH
CBP One, l’app d’immigration obligatoire aux USA, sature
Initiée par Joe Biden en janvier dernier, l'application CBP One recense déjà plus de 70 000 demandeurs d’asile qui se sont vus accorder un rendez-vous pour entrer légalement aux USA. Les autorités américaines chargées de la protection des frontières ont rendu obligatoire l’application pour les migrants, qui se massent en nombre aux frontières. Mais plusieurs enquêtes indiquent d’énormes saturations, et des pirateries pour “vendre” de faux rendez-vous et des services payants aux demandeurs d’asile.
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
Régulation: OpenAI a opéré un lobbying efficace en Europe
Le magazine Time révèle que la société OpenAI, éditrice de ChatGPT, et portée par Sam Altman a effectué une efficace opération de lobbying auprès de la Commission européenne. Dans un “white paper” que le magazine s’est procuré, on apprend qu’OpenAI a fait pression pour que des éléments importants de la loi sur l'IA soient apportés aux textes fondateurs, textes finalement approuvés par le Parlement le 14 juin dernier.
Parmi les principales demandes d’ajustement, on trouve une classification des systèmes IA “à haut risque” comme celles de GPT-3, la première version beta de l’IA conversationnelle et du générateur d'images Dall-E 2. La classification “à haut risque pour l’intérêt général” obligerait Sam Altman à se conformer à des critères exigeants comme la transparence des algorithmes, la traçabilité des données et la surveillance humaine comme champ d’application potentielle.
Sam Altman, en tournée mondiale dans 21 capitales du monde, dernièrement à Jakarta en Indonésie, ne change pas son motto : “Je crois que cette technologie (l’IA, nldr) ne peut pas être stoppée, et en fait, elle ne devrait pas être stoppée. Mais nous devons la guider et la diriger dans le bon sens”, a-t-il déclaré.
Un atlas européen des compétences en IA
Sequoia Capital, l’un des plus gros fonds d’investissement de la Silicon Valley, qui vient de séparer ses divisions internationales en trois, vient de sortir un atlas en ligne des “hubs” les plus prolifiques en nombre d’ingénieurs, en particulier en intelligence artificielle. Londres arriverait en tête avec environ 20 000 ingénieurs avec expertise, soit plus du double par rapport aux autres villes européennes. Zurich et Dublin viennent ensuite, portées par l’implantation locale de centres de recherche des GAFAM, à l’instar de Google DeepMind qui est l’employeur chouchou des chercheurs sur place.
Paris n’est cité que pour son écosystème de plus de 8000 startups à Paris et 71 accélérateurs, toutes compétences confondues. Mais l’IA n’est pas mis en avant, et ne mentionne pas le nombre de médailles Fields, pourtant la récompense mathématique suprême et critère d’excellence en informatique et en physique. En 2022, un Français, une ukrainienne, un Américain et un chercheur indo-australien l’avaient décrochée.
DRONES
Ci-dessous l’évolution entre 2007 et mars 2023 des pays armés en drones de guerre
TELECOMS-INTERNET
Câbles internet sous-marins : ça chauffe sous les océans
Il existe plus de 500 câbles sous-marins actifs dans le monde, qui transportent 99 % des données Internet. TeleGeography, une société de conseil spécialisée, estime que plus de 10 milliards de dollars de transactions financières sont transmises chaque jour via ces câbles, qui desservent 1 400 côtes sur la planète. Les câbles sous-marins, vous l’aurez compris, sont donc un enjeu gigantesque et pleinement géopolitique.
Le Financial Times a réalisé un état des lieux et des menaces qui pèsent sur un marché dominé par 4 grands pays : La France, les USA, le Japon et la Chine. Quelques enseignements à retenir :
Les Big Tech comme Google, Meta et Microsoft sont les nouveaux entrants sur ce marché de la connectivité sous-marine, ils ont investi près de 2 milliards de dollars dans les câbles entre 2016 et 2022, soit 15 % du total mondial. Au cours des trois prochaines années, ils injecteront 3,9 milliards de dollars supplémentaires, soit 35 % du total.
Les USA mènent une politique active pour bloquer la Chine et l’empêcher de “prendre le contrôle de l’Internet mondial” comme le dit un expert de Washington. On apprend ainsi que les différents consortiums intercontinentaux tendent à exclure la Chine des projets de nouvelles lignes Internet sous-marine stratégiques, notamment vers Hong Kong et Taiwan: en 2020, le gouvernement américain a créé l'initiative Clean Network, interdisant Meta et Google de poursuivre la construction d’un câble reliant les États-Unis à Hong Kong. L'année dernière, un consortium s’est créé autour du câble “Sea-Me-We 6” de 19 000 km entre l'Asie du Sud-Est et l'Europe, attribuant le contrat au fournisseur américain SubCom après avoir initialement sélectionné le chinois HMN Tech.